MONTRÉAL, VILLE FORTIFIÉE AU XVIIIe SIÈCLE
(1992; commissaires de l'exposition : Phyllis Lambert et Alan Stewart)
Fondée au milieu du XVIIe siècle, Montréal devient une ville fortifiée au cours du XVIIIe siècle. L'exposition de 1992 présentait le fruit de quinze années de recherche et d'étude de sources manuscrites provenant d'Europe et d'Amérique du Nord. Elle mettait l'accent sur les interactions de trois éléments clés de la forme urbaine de Montréal au XVIIIe siècle: les fortifications, l'occupation du sol à l'intérieur de l'enceinte et la nature des bâtiments.
D'emblée, la situation géographique de Montréal lui a assuré un rôle crucial en tant que centre urbain dans l'histoire de la Nouvelle-France et du Canada. Située à proximité du premier obstacle majeur à la navigation dans le fleuve Saint-Laurent, la ville a pris forme à la tête d'un réseau hydrographique pénétrant à l'intérieur du continent et se développe au coeur de la région agricole la plus riche de la colonie. Ensemble, ces facteurs ont permis à la ville de devenir le centre économique, militaire et administratif de cette région en constante expansion.
Les fortifications
La première partie de l'exposition retraçait le
développement de Montréal comme l'un des centres militaires les
plus importants du réseau de défense colonial français,
réseau qui s'étendait alors de Louisbourg jusqu'aux Grands Lacs
et, vers le sud, le long de la vallée de l'Ohio et du lac Champlain. Elle
soulignait aussi l'évolution des fortifications de la ville depuis la
simple palissade constituée de pieux de cèdre de la fin du XVIIe
siècle jusqu'aux remparts de maçonnerie érigés au
cours de la première moitié du XVIIIe siècle sous la
direction de Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry selon les
préceptes de Sébastien Le Prestre de Vauban.
La ville
La seconde partie de l'exposition était consacrée à
l'influence des activités économiques de Montréal sur
l'utilisation du sol et des bâtiments à l'intérieur des
murs. Bien que la traite des fourrures ait persisté comme activité
commerciale dominante à Montréal, la ville est aussi devenue un
centre régional d'échange et de production, desservant un
territoire de plus en plus vaste et de plus en plus peuplé. Pendant tout
ce siècle, la redistribution de la population et des activités
économiques entre la ville et ses faubourgs a eu pour résultat
principal de densifier l'utilisation du sol à l'intérieur des murs
de la ville.
Les bâtiments
La dernière partie de l'exposition étudiait la maison
urbaine, principal type de bâtiment construit dans la ville, dans ses
environnements physique et social, ce qui comprenait notamment la morphologie de
la structure foncière, la répartition des bâtiments
institutionnels et l'ensemble des lois et des pratiques de construction en
usage. Au cours du XVIIIe siècle, la plus remarquable des transformation
de la maison urbaine montréalaise tient au remplacement du bois par la
pierre comme principal matériau de construction.
EXPLORATION DE TROIS PLACES
Axé sur les propriétés situées immédiatement autour de la Place du Marché, de la Place d'Armes et de la Place du Nouveau Marché, ce système informatique interactif permet de comprendre l'organisation et l'évolution de l'utilisation du sol dans la ville fortifiée au cours du XVIIIe siècle. D'abord conçue dans le cadre de l'exposition "Montréal, ville fortifiée au XVIIIe siècle" (1992-93), cette exploration de trois places utilise des parcours préprogrammés pour intégrer la présentation de documents historiques, de reconstitutions cartographiques des lots et de modèles en temps réel.
Ces trois places, qui diffèrent par leur emplacement, leur fonction et leur date de formation, permettent d'envisager divers aspects du développement urbain montréalais. Organisée comme site de marché au XVIIe siècle, la Place du Marché de la basse-ville a été le centre des activités commerciales de la ville jusque dans les années 1770. Bien que les propriétaires aient eu recours à la pierre comme matériau de construction "noble" dès les premières années de la colonie, son usage s'est accru de façon notable après les incendies de 1721 et 1765. Dans la haute-ville, la Place d'Armes a d'abord été un petit espace public adjacent à l'église Notre-Dame, puis elle a été agrandie et est devenue, comme son nom l'indique, une place d'armes dans les années 1720. Pendant tout le XVIIIe siècle, ce quartier regroupait des résidences prestigieuses d'officiers de l'armée, de commerçants et de membres de professions libérales. La Place du Nouveau Marché a été la dernière place publique à être aménagée dans les limites de la ville fortifiée; elle a d'abord été acquise par les magistrats en 1803 et on y a établi un marché en 1807. Ce site est particulièrement intéressant, non seulement à cause de la richesse de son iconographie, mais aussi parce que les autorités britanniques ont exploité les propriétés des Jésuites et du Collège de Montréal qui avaient été ravagées par le feu pour y ériger de nouvelles institutions et des symboles culturels.
Bien que ces trois places révèlent différents aspects du développement de Montréal, la méthode de présentation est commune à plusieurs égards : plans reconstitués, images numérisées et modélisation en temps réel. Pour chaque série de plans reconstitués, les changements dans la structure d'occupation générale et les origines ethniques des propriétaires sont affichés à l'aide d'une touche à bascule, tandis que la sélection d'un lot en particulier fait apparaître des renseignements précis sur le nom du propriétaire, son occupation et son origine ethnique. De plus, les inscriptions sur les plans d'arpentage ou les détails sur les images historiques peuvent être étudiés au moyen d'une fenêtre zoom. Le plus enthousiasmant, cependant, tient au fait que l'on peut explorer au moins un modèle dynamique pour chaque place. L'utilisateur peut donc, avec des outils de navigation simples, se promener à sa guise sur le site, délaissant ainsi le point de vue fixe des images contemporaines pour découvrir de nouvelles perspectives sur un environnement bâti aujourd'hui pratiquement disparu.
LES FORTIFICATIONS DE MONTRÉAL
"Les fortifications de Montréal ", vidéo produit par le Groupe de recherche sur Montréal en collaboration avec le Centre for Landscape Research, Université de Toronto, et le Département d'éducation de l'Université Concordia, 1992. 3 minutes 12 secondes.
ÉVOLUTION DE LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
" Évolution de la propriété foncière ", vidéo produit par le Groupe de recherche sur Montréal en collaboration avec le Centre for Landscape Research, Université de Toronto, et le Département d'éducation de l'Université Concordia, 1992. 3 minutes 31 secondes.
La conception de l'interface CICERONE a été guidée par deux considérations connexes quant à la présentation et à l'utilisation de l'information historique. D'abord, il fallait que les plans reconstitués ou les modèles fournissent des outils essentiels pour organiser, présenter et interroger de grandes quantités de données textuelles dans l'espace et le temps. Ensuite, il fallait que l'utilisateur soit en mesure de sélectionner les fonctions et les informations convenant le mieux à ses recherches.
La libre circulation dans le temps permet à CICERONE de représenter l'environnement bâti de Montréal à n'importe quelle date à l'intérieur de la période étudiée, soit depuis la fondation de la ville en 1642 jusqu'à 1704. L'exploration du plan ou du modèle correspondant à une date précise est réalisée par des commandes qui permettent de faire un zoom et une rotation autour de tous les axes. À l'intérieur des modèles, cette flexibilité de mouvement permet à l'utilisateur de suivre le parcours de son choix dans les rues.
L'information historique qui sous-tend la visualisation est structurée en trois groupes interreliés : les individus, les lots et les bâtiments. L'accès à ces données se fait selon deux méthodes. L'utilisateur peut choisir un lot ou un bâtiment à l'écran pour obtenir l'information voulue sur cette entité. Ou alors, il peut avoir recours aux menus déroulants pour sélectionner un ou plusieurs attributs et élaborer une demande plus complexe dont la réponse apparaîtra comme un sous-ensemble des lots et des bâtiments apparaissant sur le plan ou le modèle.
Deux ensembles de données plus réduits viennent compléter cette information sur les propriétés. Une chronologie englobant l'urbanisme, l'édification des institutions, la croissance de la population et les activités de colonisation, administratives et militaires fournit un contexte plus large pour la compréhension de certains des changements survenant à l'échelle locale. Aussi, les recensements de 1666, 1667 et 1681 permettent d'établir un lien entre des renseignements détaillés sur les familles et les ménages d'une part et les propriétaires et les locataires présents pendant ces années d'autre part.
CICERONE offre un moyen inégalé pour faire revivre le Montréal du XVIIe siècle. En choisissant diverses options liées à la présentation et au contenu, l'utilisateur a la possibilité de personnaliser un outil à la fois souple et puissant afin d'explorer, d'analyser et de visualiser de nombreuses facettes de l'environnement bâti de Montréal pendant cette période formative.